Les inconvénients d'être un aspirant du yoga


On a remarqué une chose, c'est que le yoga fait un bien fou et apporte tellement de choses que si je me mets à énumérer les bienfaits, on en a pour la journée. Il n'y a pas un jour où je ne remercie pas le cosmos d'avoir ça dans ma vie et j'ai d'ailleurs passé ma vie d'adulte à dire "mais comment font les gens qui ne le pratiquent pas?!". C'est même une des raisons qui m'a poussée à l'enseigner.
Mais on parle tellement des bienfaits que personne n'ose dire en quoi ça peut être pénible !
Aujourd'hui me semble être un bon jour pour dénoncer ses défauts à notre cher ami le yoga.

Avant de commencer, notons pourquoi j'évite ici le terme "yogi". Il s'agit en fait d'un terme qui est actuellement mal employé 99% du temps, peut-être parce que ça va plus vite à dire qu'"aspirant du yoga". Mais si un yogi est une personne qui maîtrise le yoga, soyons honnêtes avec nous-mêmes, nous ne pouvons pas encore nous inclure dans ce camp. Un yogi peut respirer si lentement que cela défie la science, un yogi peut se retirer de ses sens à tel point que rien ne le perturbe, un yogi peut se passer de manger car il se nourrit essentiellement de prana et il a tellement de prana qu'il ne dort que très peu, voire pas du tout... Ce n'est pas une liste exhaustive des pouvoirs secrets du yoga, mais vous l'avez compris, un yogi est loin d'être un quidam, c'est quelqu'un qui maîtrise réellement cet art et perso je ne me compte pas (encore ;) parmi eux, même si je pratique tous les jours presque sans exception depuis plus de 18 ans et que mon apprentissage a commencé quand je portais encore des couches.

Ça m'a donné le temps de voir à quel point ça peut être chaud d'être un bébé yogi...

Moins de oisiveté
Déjà parlons des vacances, où vous vous levez un peu plus tard que d'habitude avec une faim de loup. Mais vous n'allez pas vous assoir avec les autres qui vont prendre le petit déjeuner, même si l'un d'eux a oublié que vous êtes étrange et vous prépare votre thé qui sera froid comme la mer du Nord une fois que vous aurez terminé avec votre yoga.
Très vite la faim vous passe et vous commencez à surkiffer d'avoir vraiment du temps pour rentrer à fond dans votre pratique. C'est enfin l'opportunité d'en faire un peu plus, de travailler une partie du corps qui avait besoin d'attention, puis allez, juste une dernière posture et encore une autre, puis une autre... Sans contraintes de temps, c'est l'occasion rêvée de vous laisser complètement aller dans votre méditation, vous pouvez vraiment rentrer dedans et puis oh ! Vous regardez l'heure, il est super tard et quand vous revenez, tout le monde a quitté la table depuis belles lurettes. Vous mangez solo.

Et ça c'est juste le début de la journée. Vous savez que les autres vont pouvoir glander, mater Netflix, rester sur leurs téléphones pendant des heures, mais vous ? Vous savez que chaque seconde compte, qu'on a qu'une vie pour atteindre la libération (ok, on en peut-être d'autres, mais déjà comment en être sûr ? Et puis surtout est-ce qu'on veut vraiment continuer les sagas de maya ?) En plus vous êtes bouillonnant de prana depuis votre pratique matinale alors laisse tomber, vous êtes super motivé(e) pour être super proactif(ve).

On ne veut pas vous croire que le yoga est incroyable
Votre cousine se plaint qu'elle a mal au dos et trop de stress, votre père a des problèmes respiratoires, un ami vous appelle parce qu'il fait une dépression et à chaque fois qu'ils viennent vous faire part de leurs malheurs, vous vous dîtes "ah mais je connais la solution idéale pour ça !"
Malheureusement, ça ne les intéresse pas.
On me les a tous sorti "ah non mais c'est pas pour moi la méditation" , "non non je ne suis pas sportif", "ah mais ça va si tu y crois à ce genre de choses"... Et j'en passe.
C'est tellement frustrant, il n'y a rien de pire que de voir ses proches souffrir. Et quand on sait qu'au lieu d'avoir mal, ils pourraient en train de s'extasier grâce à une dose de yoga...
Respire et lâche prise.
J'y travaille hein, je sais qu'il faut que j'accepte qu'ils n'y gouteront peut-être jamais.

Vous êtes considéré comme un demi-dieu
Et non, je ne veux pas dire comme en Inde où si je dis que je suis prof de yoga j'ai très souvent des réactions pleines de respect, des gens qui me voient comme une mystique avec des pouvoirs spéciaux, des questions comme "ah mais alors raconte-moi, tu peux lire dans l'esprit des gens ? Tu peux me dire des choses sur mon avenir ?"
Là je parle de la déception des gens quand ils se rendent compte qu'on est pas toujours d'humeur parfaitement égale, que la vie nous envoie à nous aussi des défis pour qu'on puisse mettre en pratique ce que l'on a appris du yoga et que nous aussi on tombe malade parfois. On reste humains, c'est juste que nous sommes des humains qui pratiquent le yoga.

Combien de fois on m'a sorti "ah bon mais t'es malade, toi? Ça t'arrive ????" Ma mère a exactement le même soucis, presque comme si les gens doutaient des bienfaits du yoga parce qu'on a un corps qui réagit lui aussi à son environnement et qu'on a également un bagage génétique qui n'est pas uniquement positif.

Et même si je mange local, bio et végétarien depuis toujours, ça peut arriver qu'on me surprend en train de manger un gâteau ou de boire une bière. Oh malheur ! "Mais vous ne mangez pas que du satvique ?!"
Alors il se trouve que je n'ai pas bu d'alcool depuis plus d'un an, cette fois-ci ce n'est pas parce que je suis aspirant du yoga mais parce que j'ai un bébé que j'allaite.

Mais je garde le meilleur pour la fin, ou devrais-je dire le pire ? Car si jamais on a une dispute avec quelqu'un, on a droit à "oh mais ça ne sert à rien de faire du yoga apparemment !" ou mieux encore "oh là ! Mais il faut que tu fasses un peu plus de yoga, toi".
D'ailleurs pendant ces moments de dispute ou de baisse de moral, on a toujours la petite voix intérieure, forte de toute sa sagesse indienne, qui dit "hé ho ! c'est pas une bonne idée de faire ça... Observe sans réaction. Lâches prise." Parfois on l'écoute, parfois on a juste envie de s'adonner à nos tendances humaines qui sont tantôt stupides, tantôt inutiles, souvent nous font perdre du temps...
Cela arrive, mais on parvient à l'écouter la plupart du temps et peut-être de plus en plus.


C'est n'est pas facile tous les jours d'être un yogi ou même un humble aspirant du yoga. C'est pour ça que c'est souvent comparé à "vivre sur le fil du rasoir".
Je ne sais pas à quel point vous vous reconnaîtrez dans ces propos, j'en connais plus d'un qui rencontrent ce genre de problèmes, mais au final, on sait pourquoi on fait du yoga. Parce que si on était né zen, si la vie ne nous proposait pas certaines difficultés, si notre corps ne nous présentait pas quelques bobos: on aurait pas besoin d'en faire ! C'est pas pour rien qu'on en fait. Les yogis les plus sérieux que vous connaissez sont sans doute à la base des personnes stressées.

Pour conclure, je voudrais dire merci. Merci à la vie de n'avoir pas toujours été facile, merci à tous ceux qui m'ont fait du mal ou provoquée de quelconque manière, merci à tous les moments les plus douloureux de ma vie car c'est grâce à ça, et non pas aux moments plaisants et faciles, que j'ai pu creuser et trouver des vraies joyaux intérieurs.
Parce qu'après tout, le yoga, c'est l'extase.

Et vous, vous y trouver des défauts à votre vie d'aspirant du yoga ?



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