La division et l'unité
Par Jane le 28 mars 2010

Alors que ce fameux coronavirus était en train d'arriver sur les lèvres de tout votre entourage - sans parler de tous les titres de journaux et d'ailleurs de tous les médias - vous avez sans doute remarqué un phénomène étrange: que personne n'était d'accord !

Les uns devenaient de plus en plus inquiets et se mettaient à s'informer frénétiquement, un moyen pour sentir un semblant de contrôle face à cette situation qui menaçait de leur ôter leur sécurité.
Les autres restaient dans le déni tant bien que mal, à être agacés par les premiers qu'ils trouvent psychotiques.

Chacun des 2 parties avait de quoi appuyer leur avis, les médias leur fournissant des sources sûres.

Vous vous reconnaissez peut-être dans une de ces catégories? Vous avez possiblement navigué entre les deux sans frôler les extrêmes...

Une fois ce fameux vendredi 13 passé, les premiers se sont dépêchés de lire un peu plus d'articles et de faire quelques courses en plus.
Les autres, eux, ont commencé à devoir accepter que ce n'est pas une grippe ordinaire.

Puis quelques jours plus tard on s'est tous retrouvés derrières portes closes et dans bien des foyers les tensions entre ces 2 clans se sont aggravées.

Combien d'entre vous connaissez des personnes qui se sont disputés à cause du coronavirus ?

Il crée une division, mais il me semble que ce n'est pas celle dont parlait Macron lors de son dernier discours qui était d'un militarisme inédit.

Quelle est cette division que fait ressortir la pandémie ?
Et pourquoi moi-même je passe mon temps à naviguer entre les différents avis et vérités ? Un véritable schisme au sein de mon propre mental !
Par moments je me sens bien, une espèce d'insouciance ressort d'être enfin exempte de la course folle contre la montre... Puis plus on avance dans la journée, plus on m'informe sur différents aspects; les traitements possibles contre le covid 19, les statistiques, le crash économique et j'en passe. J'oscille entre différents états, des pensées non voulues, des images que je n'ai aucunement envie de voir s'immiscent dans ma tête. Des peurs, des doutes, le mental oscille et c'est inconfortable à souhait.

Chacun gère ses peurs et cette insécurité comme il le peut, certains par la boulimie d'informations, d'autres par le déni ou l'évitement. Ce sont des mécanismes de gestion émotionnelle qui ne sont pas vraiment compatibles entre eux alors quand plusieurs personnes cohabitent en confinement, ça risque de clasher. On cherche à démontrer qu'on a raison alors qu'en vrai personne ne sait rien.

A part qu'on ne peut pas sortir.

Et si on ne peut pas sortir, on n'a pas autre part où aller qu'en dedans.

Nos chers yogis, eux, avaient l'habitude de s'isoler pour regarder en dedans. Sympas, ils nous ont donné les outils pour gérer notre mental, ce singe complexe et tordu. Décrits dans les textes les plus anciens, les chitta vrtti ou fluctuations du mental créent de l'inconfort, de la dissonance et parfois même carrément de la souffrance. Pour être bien, c'est simple, on a besoin de savoir les faire cesser et le yoga propose le manuel pour ça.

Après tout, on ne peut pas compter sur le fait que les choses aillent toujours bien pour être bien. On ne peut pas être si dépendant de la sécurité et du confort qu'on met en place autour de nous. On se rend bien compte dans les jours comme ceux-ci que cette sécurité et ce statut quo qui nous allaient si bien étaient illusoires au plus haut degré.

Il suffit de peu pour faire foirer notre équilibre.

Et c'est bien beau de dire "prenez soin de votre paix intérieure et la situation externe sera tolérable quelle qu'elle soit". Je peux vous dire, en tant qu'aspirant du yoga depuis ma tendre enfance, qu'il n'y a rien de plus enrageant que ces paroles de yogi suffisant !
Après tout, les situations que l'on rencontre chacun sur nos différents chemins sont parfois bien au-dessus de notre capacité à gérer. La vie s'arrange pour mettre à l'épreuve notre équilibre, sinon ça ne serait pas drôle, on apprécierait même plus la lumière si on ne voyait jamais l'obscurité.

Alors acceptons nos limites, acceptons nos faiblesses et vulnérabilités. Acceptons la complexité de notre mental, notre nature humaine à se torturer par l'esprit. Embrassons cette opportunité d'avancer en se disant "ok, je ne peux rien faire pour changer ce qui se passe dans le monde, mais je peux me dédier à changer ce qui se passe en moi", c'est déjà un grand pas.

Aujourd'hui plusieurs personnes m'ont dit qu'elles pratiquent le yoga et la méditation tous les jours depuis que Macron a parlé, et je peux vous dire que l'une d'entre elles est ma meilleure amie qui n'a jamais voulu s'y mettre depuis les 18 ans que je l'invite à en faire. Alors merci au Coronavirus.

Citta vrtti nirodaha
Les fluctuations du mental cessent avec la pratique du yoga et méditation (Patanjali Yoga sûtra 1.2)

Je ne connais pas de moyen plus efficace.

Cette division qu'on voit ressortir de la situation de crise est une véritable bénédiction car elle nous donne la clairvoyance de notre situation qui a toujours été fragile et précaire, c'est juste qu'on se leurrait à croire le contraire.
La sécurité et l'immuabilité sont illusoires.

Cette division révèle clairement cette illusion et la nature friable de notre mental avec ses multiples réalités aussi fugaces les unes que les autres.
En dessous de tout ça se trouve quelque chose de plus fiable, de plus stable, de plus réelle et c'est le moment où jamais pour explorer ça.

Le yoga est l'unité et nous avons dans cette discipline tous les outils nécessaires pour le comprendre et le vivre.

A nous de relever le défi.

Vous êtes avec moi ?

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